Rude vie de montagnard

Quand les crêpes nous jouent des tours.

Nous en étions à la fin de la deuxième semaine de camp, et une randonnée de 3 jours était programmée en montagne, avec comme objectif principal d’atteindre la Font Sancte, un pic à plus de 3000 m.
La veille au soir, Georges (Guillemin) avait préparé des crêpes à la bière pour tout le monde. Moi, Jean-Paul, je n’en n’avais jamais mangé de telle sorte. Ma maman n’en faisait qu’avec du lait, de la farine et des œufs. Mmmmm ! Qu’elles étaient bonnes ces crêpes à la bière !!!!
Mais au beau milieu de la nuit, mes intestins se mirent à manifester jusqu’à m’empêcher de dormir. Puis sur le petit matin, ce fut une explosion, si je puis m’exprimer ainsi ! Une première fois, en courant, je réussis à atteindre l’emplacement qui nous servait de ouatères. Ouf ! Quel soulagement ! Une seconde envie pressante me prit, et là, je ne suis arrivé qu’à mi chemin de nos ouaoua ! Deuxième soulagement ! La troisième alerte me prit complètement de court, et j’eus à peine le temps de sortir de la tente avant un débordement de soulagement…en un mot comme en cent, j’avais chopé la … c’est un mot qui commence par chi… et qui finit par …asse. Me voilà propre ! Enfin, pas tout de suite, mais juste après m’être lavé dans le torrent à 6 °C afin de tenter d’être opérationnel pour le départ, une heure plus tard.



Mon petit déjeuner, qui consistait à ingurgiter un demi litre de lait fut réduit à une demi tablette de chocolat noir…il paraît que ça resserre !! Mais comme on ne laisse rien perdre, j’ai rempli ma gourde métallique (qui me restait de mon passage chez les scouts) du bon lait frais que nous allions chercher à la ferme. A cette époque là, c’était encore possible, du bon lait entier plein de crème mmmm! Le détail aura son importance plus tard.
L’heure du départ sonna et nous nous mîmes en route par le chemin qui longeait le torrent en le remontant. Je marchais en tête avec quelque autres quand j'aperçus une famille de petit mammifères qui s’ébrouait devant nous. Sans plus réfléchir, je bondis et réussis à capturer deux spécimens de ces quadrupèdes, un dans chaque main. Seules leurs têtes dépassaient de mes mains refermées. Ces bestioles étant extrêmement souples et possédant des dents très aiguisées parvinrent chacune de leur coté à me mordre sur toute la périphérie des colliers de chair constitués par mes mains. La douleur me fit lâcher ces boules de poils beaucoup plus vite que je ne les avais attrapées. Hormis le sang qui perlait de mes blessures, la surprise fut qu’une odeur très forte et persistante m’imprégnait les mains. Devinez ce que je venais de relâcher…des putois. Cela, je m’en suis rendu compte pendant toute la durée de la randonnée, car même en se lavant les mains à chaque cours d’eau rencontré, la puanteur a persisté.
Mais revenons aux suites de mes problèmes de tuyauteries en nous projetant 24 heures plus tard. Nous étions au pied de la Font Sancte, nous préparant à prendre notre collation de la mi journée. Comme j’avais soif, je décidais de me désaltérer à ma gourde pleine de lait, pendue à ma ceinture depuis la veille, et ballottant au gré de notre marche. Je dévisse donc le bouchon et porte le récipient à ma bouche…mais, ça ne sort pas bien ! Il y a un bouchon ! M… flute alors ! Comme c’est bizarre ! J’investigue promptement, et me rends compte que le bouchon en question n’est autre que du beurre, oui, vous avez bien lu, du beurre ! Ce jour là, pour mes sandwiches du midi, je fus le seul à avoir eu des tartines beurrées !
Voilà deux des anecdotes que j’ai en mémoire comme si je les avais vécues hier, 46 années après…

Mais le voyage ne s’est pas terminé là. Je pourrais parler de nos descentes dans les pierriers instables, de nos nuits à la belle étoile, du mémorable orage que nous avons subi en passant un col à plus de 2500 m, de notre passage à Château Queyras…

Jean-Paul Dupuis.





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