Au théatre ce soir

Voici quelques souvenirs de théâtre au LTE Corbeil…

Mon premier souvenir date de 1961 où Mme Soleihac nous avait “sortis” au TNP, palais de Chaillot, voir les Rustres de Goldoni. Nous étions bien préparés avec toute une explication sur les masques, la commedia del Arte, etc… mais ce fut quand même un choc, l’immensité du théâtre
 ! C’était presque le Palais des sports !
Mon deuxième souvenir est une pièce de Corneille, Cinna qui fut montée par les élèves du Lycée. Certainement la fin de la pièce, acte V – scène première – j’ai le souvenir d’un Cinna entrant sur scène avec une petite jupette plissée romaine du plus bel effet et de grosses jambes poilues qui déclencha l’hilarité générale. Lorsqu’Auguste lui dit le vers célèbre “Prends un siège, Cinna, prends” il s’assit à coté du strapontin et partit les quatre fers en l’air. Jamais on n’avait tant rigolé pour une tragédie !

Savez-vous que nous avons été les derniers spectateurs à fréquenter le théâtre de l’Ambigu à Paris. Nous avions un abonnement pour la saison et nous allions en car, de Corbeil à Paris, sur le boulevard Saint-Martin. Ce théâtre a été fermé et démoli en 1966 en dépit de nombreuses manifestations et d’un spectaculaire défilé de la profession tout entière. Le ministre de la culture de l’époque était André Malraux. Quel gâchis
 !
J’ai le souvenir d’un théâtre plein de dorures, de tentures cramoisies, d’éclat et de lumière. C’était un véritable petit bijou. Nous montions parfois au “pigeonnier” par un petit escalier de bois, tout au sommet, où nous avions une vue plongeante sur tous les spectateurs du parterre et même sur les coulisses. C’était vraiment magique. Je n’aurais pas été surpris de rencontrer M
lle Nana de M.. Zola dans ce décor très second empire avec une robe de satin et un décolleté vertigineux.
Et en plus nous avions droit à un répertoire de grande classe… Corneille, Molière, Racine, Hugo, Musset et même Sartre (Nekrassov) si mes souvenirs sont bons. Pour des “techniques” c’était grandiose. Ça nous changeait de l’odeur du lubrifiant à l’atelier et des leçons de technologie.
Ca fait partie des souvenirs inoubliables du LTE, avec bien sûr le sport  et… Annie la blonde
!
Dernière petite anecdote. En 4
ème nous avions été tellement captivés et impressionnés par l’étude du Cid, avec Mme Soleihac, que nous parlions “le Cid” couramment et nous glissions allègrement des vers dans la conversation courante. Pas toujours facile ! Et bien figurez-vous que je n’ai pas perdu cette habitude acquise au LTE Corbeil et aujourd’hui, 45 ans plus tard, quand j’ai un élève en difficulté je lui dis : “Parle sans t’émouvoir, tu es jeune il est vrai, mais aux âmes bien nées…” Par contre, si je me trompe, je le leur lance : “ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie…” Comme quoi, ce que l’on apprend jeune, reste toute la vie !

Jean-Pierre Arlettaz.



Au théâtre ce soir

Pour la pièce de théâtre (Cinna dont nous parle Jean-Pierre) j'étais à la régie-lumière. Sur la photo prise dans le préfabriqué, la petite cahute dans le fond de la salle était la régie (photo en haut à gauche de la page). Les projecteurs (trois au maximum) étaient réalisés avec des grosses boites de conserves en provenance directe de la cuisine.
La lumière n’était pas terrible sinon les gambettes poilues de Cinna seraient passées inaperçues.
Encore une poignée de souvenirs.


Michel Lucas.





canards