Apprenti ajusteur - Rentrée 1961

Apprenti ajusteur - Rentrée 1961.

Nous sommes en 4I1 Les séances d’Atelier ont débuté et le premier cycle est l’ajustage. Travailler à l’établi, avec notre toute dernière acquisition : Un pied à coulisse au 1/100ème Rock Junior sinon rien !
Eh-oui j’entends encore notre cher prof. d’atelier nous inculquer cet art tout nouveau pour nous. Malgré notre respect envers lui, l’accent Alsacien prononcé de sehr geehrter Herr Munsch donna souvent aux cours un air de fête, déclenchant nos rires étouffés.
“Ayaya” disait-il souvent en dépit de toutes nos peines.
Malgré l'apparente simplicité des travaux à réaliser, nous nous rendîmes compte qu’il s’agissait d’un métier d’une extrême précision. Notre première réalisation fut un prisme, destiné à devenir l’embase d’une poinçonneuse, premier objet précieux que certains ont conservé 45 ans après. Nous devenions tout à coup les maîtres de la lime, des “tireurs de long” pour les champs étroits, des “croiseurs” pour les finitions en traits croisés. Grattoir, bâtarde, demi-douce, tire-point n’avaient plus de secret pour nous et les “traits croisés” devinrent rapidement notre spécialité.
Attention, le maître ne voulait pas de bavures et nous devions surtout nous en assurer, la note en aurait été amoindrie (le coefficient de cette note d’atelier était phénoménal, 6 je crois ?). L'utilisation du bleu de Prusse ou de la sanguine nous permettait de contrôler au marbre la planéité de nos pièces et d’assurer au final des cotes dans le dixième de millimètre validées par notre pied à coulisse gravé à jamais aux couleurs du LTE.
Pour l’ébauche, “Prenez la Patarte” nous disait Herr Munsch.
Il ajoutait que si l’on voulait couper du métal avec une scie, ou ébaucher à la lime un prisme métallique la règle était simple : “plus que le métal il est dur et plus qu’il faut des dents”. En tout cas, nous avions là un bon prof. de technologie pour lequel nous avons conservé un grand respect.
Souvenirs, souvenirs quand vous nous tenez.

Daniel Chagnot



Ah ! qu'ils sont beaux ces objets fabriqués de nos mains, et corrodés sans doute par la sueur de nos fronts !!


canards