Après le lycée

Souvenirs (presque) vrais.

Après le Lycée, il a fallu faire son devoir militaire. J’ai donc été convoqué au bureau de recrutement de Versailles. Et là, les surprises vont s’accumuler à un rythme incroyable ! Tout d’abord j’ai retrouvé Hervé Denizo et Gérard Souverain pour passer la fameuse visite médicale. C’est déjà pas mal ! Mais attendez la suite...
Au moment de passer la visite, dans le plus simple appareil, nous avons constaté que nous avions tous les trois un tatouage sur la zigounette avec les initiales énigmatiques A E. Il fallut expliquer  tout ça à l’officier recruteur !

Et Hervé d’expliquer que quand il était dans de bonnes dispositions, le
A E se transformait en ANNIE en souvenir d’une célèbre blonde pour qui il avait eu beaucoup d’affection…

Quand à Gégé il s’agissait du souvenir d’une petite Nemourienne, prénommée ALICE.

Mais quand vint mon tour, je dus avouer mon admiration pour Corneille et son cidre. En effet quand je suis dans de bonnes dispositions on peut lire : A VAINCRE SANS PERIL, ON TRIOMPHE SANS GLOIRE.
C’est comme ça que j’ai été viré de l’armée française !
Ah, ce Tataz, quel vantard !

Jean-Pierre Arlettaz.


Gérard Souverain : Je confirme pour le tatouage A E mais pour le prénom ce n'est pas ALICE mais ARMANDE et on peut faire des jeux de mots avec.

Roger Pahour : Comme c'est curieux les interprétations... Moi j'aurai cru : A Eviter...

Curieusement il n’y a pas eu d’autres commentaires; à suivre donc…

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Rude vie de montagnard

Quand les crêpes nous jouent des tours.

Nous en étions à la fin de la deuxième semaine de camp, et une randonnée de 3 jours était programmée en montagne, avec comme objectif principal d’atteindre la Font Sancte, un pic à plus de 3000 m.
La veille au soir, Georges (Guillemin) avait préparé des crêpes à la bière pour tout le monde. Moi, Jean-Paul, je n’en n’avais jamais mangé de telle sorte. Ma maman n’en faisait qu’avec du lait, de la farine et des œufs. Mmmmm ! Qu’elles étaient bonnes ces crêpes à la bière !!!!
Mais au beau milieu de la nuit, mes intestins se mirent à manifester jusqu’à m’empêcher de dormir. Puis sur le petit matin, ce fut une explosion, si je puis m’exprimer ainsi ! Une première fois, en courant, je réussis à atteindre l’emplacement qui nous servait de ouatères. Ouf ! Quel soulagement ! Une seconde envie pressante me prit, et là, je ne suis arrivé qu’à mi chemin de nos ouaoua ! Deuxième soulagement ! La troisième alerte me prit complètement de court, et j’eus à peine le temps de sortir de la tente avant un débordement de soulagement…en un mot comme en cent, j’avais chopé la … c’est un mot qui commence par chi… et qui finit par …asse. Me voilà propre ! Enfin, pas tout de suite, mais juste après m’être lavé dans le torrent à 6 °C afin de tenter d’être opérationnel pour le départ, une heure plus tard.



Mon petit déjeuner, qui consistait à ingurgiter un demi litre de lait fut réduit à une demi tablette de chocolat noir…il paraît que ça resserre !! Mais comme on ne laisse rien perdre, j’ai rempli ma gourde métallique (qui me restait de mon passage chez les scouts) du bon lait frais que nous allions chercher à la ferme. A cette époque là, c’était encore possible, du bon lait entier plein de crème mmmm! Le détail aura son importance plus tard.
L’heure du départ sonna et nous nous mîmes en route par le chemin qui longeait le torrent en le remontant. Je marchais en tête avec quelque autres quand j'aperçus une famille de petit mammifères qui s’ébrouait devant nous. Sans plus réfléchir, je bondis et réussis à capturer deux spécimens de ces quadrupèdes, un dans chaque main. Seules leurs têtes dépassaient de mes mains refermées. Ces bestioles étant extrêmement souples et possédant des dents très aiguisées parvinrent chacune de leur coté à me mordre sur toute la périphérie des colliers de chair constitués par mes mains. La douleur me fit lâcher ces boules de poils beaucoup plus vite que je ne les avais attrapées. Hormis le sang qui perlait de mes blessures, la surprise fut qu’une odeur très forte et persistante m’imprégnait les mains. Devinez ce que je venais de relâcher…des putois. Cela, je m’en suis rendu compte pendant toute la durée de la randonnée, car même en se lavant les mains à chaque cours d’eau rencontré, la puanteur a persisté.
Mais revenons aux suites de mes problèmes de tuyauteries en nous projetant 24 heures plus tard. Nous étions au pied de la Font Sancte, nous préparant à prendre notre collation de la mi journée. Comme j’avais soif, je décidais de me désaltérer à ma gourde pleine de lait, pendue à ma ceinture depuis la veille, et ballottant au gré de notre marche. Je dévisse donc le bouchon et porte le récipient à ma bouche…mais, ça ne sort pas bien ! Il y a un bouchon ! M… flute alors ! Comme c’est bizarre ! J’investigue promptement, et me rends compte que le bouchon en question n’est autre que du beurre, oui, vous avez bien lu, du beurre ! Ce jour là, pour mes sandwiches du midi, je fus le seul à avoir eu des tartines beurrées !
Voilà deux des anecdotes que j’ai en mémoire comme si je les avais vécues hier, 46 années après…

Mais le voyage ne s’est pas terminé là. Je pourrais parler de nos descentes dans les pierriers instables, de nos nuits à la belle étoile, du mémorable orage que nous avons subi en passant un col à plus de 2500 m, de notre passage à Château Queyras…

Jean-Paul Dupuis.





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Vacances en Queyras

Fontgillarde et le chalet du Coin - Près de Molines

Le lycée Robert Doisneau (notre LTE) possède par l'intermédiaire du FSE (Foyer Socio-Éducatif) un chalet situé au hameau du Coin sur la commune de Molines (alt. 2025 m) dans la région du Queyras (Hautes Alpes), qui accueille des séjours de classes à la montagne. Mais quelle est son origine ?
Georges Guillemin, 'le surgé', organise le premier camp de vacances pour les élèves du lycée pendant l'été 1962 pour y pratiquer escalade et randonnées. Le campement en toile de tente s'installera en juillet et août sur les bords du torrent, l'Aigue Agnelle, en amont de Fontgillarde autre hameau de Molines avec un groupe d'une trentaine de garçons.
Il en sera de même l'été 1963 toujours au bord du torrent, et le premier groupe de filles s'installera dans une grange au hameau du Coin. Des privilégiées, car pour les garçons toilette et vaisselle se faisaient dans l'eau glaciale du torrent !
Les moniteurs étaient les pions du lycée ainsi que des élèves plus âgés. Georges Guillemin et sa famille assuraient le ravitaillement en vivres et nous étions en totale autonomie pour la cuisine. Ce qui n'était pas triste.

En 1964 une ancienne ferme ayant été acquise au hameau du Coin, les premiers volontaires élèves du lycée viendront passer leurs vacances à rénover le bâtiment pendant plusieurs années en vue de le rendre habitable et cette bergerie sera transformée en superbe chalet.

Bernard Lacotte.




Je me souviens de ma première journée à Fontgillarde.

Nous venons d’arriver le matin même à Fontgillarde, aussi Georges Guillemin nous donne "quartier libre" en cet après-midi ensoleillé.
Un groupe se forme alors (sans son avis) pour aller escalader la petite montagne en face faisant-partie de notre si beau décor. Ce qui paraît une petite ballade s'avère en fait, très rapidement, une virée d'envergure. Le temps passe, la nature est belle, le temps passe vite et le ciel s’assombrit. Le danger, connais pas !
Les gars ne s'aperçoivent pas des signes que leurs font les copains restés en bas. Non, il ne s'agit pas d'encouragements, mais plutôt d'un ordre immédiat de rebrousser chemin et en particulier de la part de Georges. Le groupe ne s'en rend pas compte et content que l'on puisse l'observer retourne des signes de joie. Une marmotte par-ci, un edelweiss par-là, quel plaisir..
Au fait, il faut rentrer ! Eh-oui, en bas, le comité d'accueil est là, Georges en tête. Une dispute pour chacun des contrevenants, un choc mémorable et j'en passe... Au fait… j'étais de ce groupe !



La ballade des gens heureux.

Je me souviens d’un bivouac sur 2 jours, une longue marche vers le "Pain de Sucre" d'environ 20 km dont le but était d’observer le lever de soleil… la ballade des gens heureux.

Une veillée à laquelle nous avions convié les gens du petit village local. Nous voici, d’un coup, improvisés acteurs ou saltimbanques ! Nous avions passé la nuit à la belle étoile blottis confortablement dans nos sacs de couchage autour d’un feu de camp dont la combustion était assurée par le tour de garde de chacun.
Au retour, nous étions exténués de porter notre paquetage ! Nous avions eu l'occasion d'assister au championnat de France de hors-bord sur le lac de Serre-Ponçon ainsi que de faire une courte escapade à Turin. Je me souviens de ce retour en car et d’un match de foot improvisé contre de jeunes italiens avant de refranchir la frontière.
C'est là que j'ai “découvert” en Georges Guillemin “le Surgé”, un homme très humain et ô combien sympathique.

Daniel Chagnot.





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Les profs de Corbeil

Quelques souvenirs de nos profs d'alors.

Vaste sujet s'il en est ! Voici quelques anecdotes prises, au hasard, pour rendre l'atmosphère de l'époque au travers des souvenirs de quelques-uns.

Apprentissage de la valse.
Si mes souvenirs sont bons, nous étions en terminale (TI). Un beau jour, une prof. d'Education Physique, Mme Suzanne Forget, petite brune aux cheveux courts (qui était l'amie du prof. de français M. Martin disparu trop rapidement) recrutait des garçons pour servir de cavaliers à des filles qui pratiquaient les danses folkloriques, après le réfectoire et avant de reprendre les cours de l'après-midi. Avec deux ou trois copains de la classe, nous avions négocié notre prestation contre l'apprentissage de la valse, dont nous ignorions complètement les rudiments. Le contrat étant passé, nous avons topé et le contrat fut honoré par les différents partis concernés, à savoir, nous avons appris à valser et nous avons participé à différentes manifestations/ exhibitions de danses folkloriques. Comme quoi, il suffit de peu de chose pour apprendre à danser !!!

Jean-Paul Dupuis.



La géographie, l'histoire et le vélo.

J’ai une petite anecdote sur Devert notre prof. d’histoire-géo.
D’abord il nous appelait “les Charlots de 4T3” ce qui était tout à fait mérité
! Ensuite il était communiste convaincu et le faisait savoir. Il avait fait la résistance pendant la guerre et à cette occasion avait fait beaucoup de vélo dans les maquis pour transmettre des messages. Et le vélo, il l’avait dans la peau ! Tous les jours, malgré son âge avancé, il montait la côte de 1ère catégorie qui va de la gare de Robinson au LTE en suivant la N7. Or, son passage coïncidait avec l’arrivée du train des demi-pensionnaires qui montaient la côte en troupeau compact. L’ambiance était chaude et les encouragements nombreux. “Allez Devert !”, “Allez Bobet”, “Allez Bahamontez”… Mais pour troubler la fête, il y avait de temps en temps, un camarade du Lycée, qui montait lui aussi la côte en vélo. Alors le spectacle était total. Devert, rouge comme une écrevisse se battait comme un beau diable et ne voulait pas se laisser dominer par un gamin. Et les encouragements et les applaudissements redoublaient.
On dit même qu’un jour, le “gamin”, qui avait battu ce jour là Devert au sommet de la côte, l’avait retrouvé quelques minutes plus tard en classe et s’était ramassé zéro à l’oral
! Il pédalait bien mais il n’avait pas appris sa leçon !

Jean-Pierre Arlettaz.

En ce qui concerne la “Montée de Corbeil”, je pense que l'exploit a été réalisé en 1962-63 par Daniel Deslandes qui un matin est arrivé avec le sourire radieux du vainqueur. Il faut dire qu'il était externe et grimpait cette côte comme Devert deux fois par jour. Je me souviens bien que nous avions cours avec lui dans la matinée et que Deslandes s'était fait reprendre (pas sûr pour la bulle). L'ancien lui avait dit quelque chose du genre : “Ce n'est pas parce que j'ai eu aujourd'hui une faiblesse qu'il faut croire que ça va se reproduire”. Il n'aimait pas bien l'idée qu'il puisse être dépassé.

Jean-Pierre Doucet.

Je me souviens aussi d'une fois où Devert avait roulé sur un tuyau d'arrosage avec son vélo dans une allée de la cour du lycée. Inutile de vous dire que le soleil qui avait suivi avait été de toute beauté.
Par contre, ceux qui ont ri le plus n'étaient pas les plus proches de cette mémorable cascade... De plus, Devert s'était relevé encore plus vite qu'il n'était tombé, et avec le sourire !
La classe, non
?

Daniel Bray.

Mais non, les maths ce n'est pas si désagréable que ça …

Stone (Michel Delapierre) était, comme chacun le sait, le super-crack de la classe en maths. Au cours de Mlle Moracchini, une superbe brune-canon avec des pulls moulants et des jambes de top-model, toute la classe était sous le charme. Elle aurait pu nous dire 2 + 2 = 5 on aurait tous dit “oui, Mlle Moracchini !”
D'ailleurs Guy Bourel en est encore amoureux aujourd'hui... 40 ans après et je suis sûr qu'il n'est pas le seul
! Donc toute la classe admirait la plastique foudroyante de la belle... et personne ne suivait le cours... Personne... sauf Stone qui était toujours une ligne en avance sur elle car il connaissait déjà le cours par coeur ! Et moi, j'étais à coté de Stone en maths... De temps en temps il me donnait un coup de coude : “Attention elle va se planter...”. Et effectivement une minute plus tard elle commençait à paniquer et à rosir de confusion (pour notre plus grand plaisir). Alors Stone chevaleresque intervenait et la remettait sur la voie.

Jean-Pierre Arlettaz.




canards

Histoire de Vévé

Il voulait qu’on l’appelle Hervé

Je parodie, mais juste le titre (celui d’un roman de Charles Exbrayat) pour cette entrée en matière.
Son nom était (et est toujours je l’espère !) Tessonneau. Son vrai prénom ou tout au moins celui que lui ont donné ses parents était Dominique. Mais comme il se plaisait à nous l’expliquer, ce prénom ne lui convenait pas. Il a donc décidé de se faire appeler Hervé, et c’est comme ça que tous ses copains l’interpellaient. Plus familièrement, il aimait bien qu’on l’appelle Vévé.
Cet étudiant, si ma mémoire est bonne faisait partie de la seconde promo. BTS FM (1965/1967), juste celle qui a suivi celle dont je faisait partie et qui était la promo. 1964/1966, au bahut de Corbeil. Nous, nous avions été baptisés par les examinateurs à l’oral “les Pazoliens”, devinez pourquoi… tout simplement car nous avions pour prof. principal M. Pazot. Mais trêve de digressions, je voulais vous parler un peu de notre ami Vévé
 !
Ce Vévé, il avait un don très particulier, sans l’avoir cherché. Les manifestations les plus spectaculaires de ce don se concrétisaient le plus souvent au réfectoire. Si vous vous souvenez bien, le réfectoire se présentait sous forme de boxes de 8 tables de 8 élèves, ce qui revient à dire que chaque boxe hébergeait 64 élèves. Lesdits boxes étaient répartis de chaque coté d’une allée centrale et nous étions entre 1000 et 1200 à manger, je crois en deux services.
Revenons à Vévé. Assez régulièrement, les blagues fusaient bon train lors de nos collations. Et quand une de ces blagues avait l’heur de déclencher le rire de Vévé, c’était impressionnant
 ! La première fois que nous avons subi ce rire que l’on peut qualifier de spécial, tout le monde fut surpris (euphémisme pour dire que si nous n’avions pas été assis en train de nous restaurer, nous fussions tombés sur nos séants respectifs, en bref nous étions sur nos culs !).
Or donc je m’en vais vous narrer le déroulement de ce rire de Vévé. Il commençait comme un grincement de porte assez strident, montant en puissance comme une sirène d’alerte et se continuait pendant environ cinq minutes, jusqu’à ce que Vévé manque de s’étouffer. Comme je le précisais, le premier rire nous laissa pantois. Mais outre cet état de fait, le second constat fut que le réfectoire s’est vite retrouvé dans un silence total, chacun se demandant d’où pouvait bien venir ce bruit étrange. Les rires suivants de Vévé au cours des années, eux, déclenchèrent systématiquement un fou rire général qui se propageait de proche en proche, de la table où se trouvait Vévé vers toutes les tables du réfectoire, et en moins de cinq secondes plus de 1000 potaches avaient attrapé le même fou rire incontrôlable et irrépressible.

Voilà un aperçu de cette expérience unique en son genre, que je n’ai jamais plus rencontrée. J’espère que Vévé (Dominique) Tessonneau sera parmi nous lors de la fête du jubilé pour nous régaler de son “fabuleux rire”.

Jean-Paul Dupuis.


Histoire de Vévé suite …

Nous sommes au cinéma de Corbeil, nous allons voir “Un monde fou, fou, fou...”, il y a Daniel Geyelin, Serge Perraud, Hervé... et moi, et peut-être d'autres encore ? Nous sommes placés au balcon, le film commence.
Honnêtement je ne me souviens plus s'il est drôle, mais nous, nous en avons fait quelque chose de drôle... Ce que Vévé ne peut plus supporter !!! Cela commence par des gloussements (étouffés)... Il essayait d'être discret, suivi d'une apnée... durant laquelle un silence menaçant régnait et d'un coup... UNE explosion dans les aigus, suivie de houuuuuuuuuuuuuu... à n'en plus finir, relayé par des hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii... qui font que mon Vévé ne peut plus se tenir ! Il glisse inexorablement de son fauteuil termine son contre-ut, avachi sur le sol, on ne le voit plus, on l'entend... Les voisins par le communicatif de son rire, rient de plus belle, nous aussi évidemment.
Du parterre de la salle des têtes se lèvent vers le balcon, rient... en entendant Vévé dans ses œuvres... alors que chacun de nous se relaie pour lui sortir une bêtise encore plus grosse... et il repart de plus bel, la salle est prise d'un fou rire... Ça fait un quart d'heure déjà... Vévé a les ailes du nez toutes blanches, il a du mal à respirer... nous le calmons et sortons avec lui, il est “lessivé”................... et les gens l'applaudissent.
Hé oui ! Vévé c'était ça
!

Roger Camille Pahour




canards

Apprenti ajusteur - Rentrée 1961

Apprenti ajusteur - Rentrée 1961.

Nous sommes en 4I1 Les séances d’Atelier ont débuté et le premier cycle est l’ajustage. Travailler à l’établi, avec notre toute dernière acquisition : Un pied à coulisse au 1/100ème Rock Junior sinon rien !
Eh-oui j’entends encore notre cher prof. d’atelier nous inculquer cet art tout nouveau pour nous. Malgré notre respect envers lui, l’accent Alsacien prononcé de sehr geehrter Herr Munsch donna souvent aux cours un air de fête, déclenchant nos rires étouffés.
“Ayaya” disait-il souvent en dépit de toutes nos peines.
Malgré l'apparente simplicité des travaux à réaliser, nous nous rendîmes compte qu’il s’agissait d’un métier d’une extrême précision. Notre première réalisation fut un prisme, destiné à devenir l’embase d’une poinçonneuse, premier objet précieux que certains ont conservé 45 ans après. Nous devenions tout à coup les maîtres de la lime, des “tireurs de long” pour les champs étroits, des “croiseurs” pour les finitions en traits croisés. Grattoir, bâtarde, demi-douce, tire-point n’avaient plus de secret pour nous et les “traits croisés” devinrent rapidement notre spécialité.
Attention, le maître ne voulait pas de bavures et nous devions surtout nous en assurer, la note en aurait été amoindrie (le coefficient de cette note d’atelier était phénoménal, 6 je crois ?). L'utilisation du bleu de Prusse ou de la sanguine nous permettait de contrôler au marbre la planéité de nos pièces et d’assurer au final des cotes dans le dixième de millimètre validées par notre pied à coulisse gravé à jamais aux couleurs du LTE.
Pour l’ébauche, “Prenez la Patarte” nous disait Herr Munsch.
Il ajoutait que si l’on voulait couper du métal avec une scie, ou ébaucher à la lime un prisme métallique la règle était simple : “plus que le métal il est dur et plus qu’il faut des dents”. En tout cas, nous avions là un bon prof. de technologie pour lequel nous avons conservé un grand respect.
Souvenirs, souvenirs quand vous nous tenez.

Daniel Chagnot



Ah ! qu'ils sont beaux ces objets fabriqués de nos mains, et corrodés sans doute par la sueur de nos fronts !!


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Nostalgique mais …réaliste

Je me souviens du Lycée de Corbeil

Je me souviens de ces bâtiments sans beauté.
Je me souviens des trajets en train, des lectures, des discussions, des filles en mini-jupes.
Je me souviens des débuts à la cantine où les plus grands ne nous laissaient pas grand 'chose.
Je me souviens de l'ennui monumental des heures passées à limer.
 Je me souviens des parties de hand, de foot, de rugby, de la fraternité.
Je me souviens d'avoir compris que l’Histoire n'est pas un récit neutre de manuel scolaire.
 Je me souviens d'avoir aimé les maths resituées dans leur histoire.
 Je me souviens des discussions après les cours avec le prof. de français.

 Je me souviens de ma difficulté à abandonner l'enseignement technique parce que les copains allaient avec.

 Je me souviens de ceux que j'ai revus à Montgeron le jour du bac.
 Je me souviens d'avoir quitté le Lycée sans regret.
Je ne me vois pas donner une vision “enchantée” de ces années, parfois heureuses, parfois difficiles.


Jean Rebuffat. alias Gaston





1965 - Mais où sont ces minijupes d'antan ?


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Au théatre ce soir

Voici quelques souvenirs de théâtre au LTE Corbeil…

Mon premier souvenir date de 1961 où Mme Soleihac nous avait “sortis” au TNP, palais de Chaillot, voir les Rustres de Goldoni. Nous étions bien préparés avec toute une explication sur les masques, la commedia del Arte, etc… mais ce fut quand même un choc, l’immensité du théâtre
 ! C’était presque le Palais des sports !
Mon deuxième souvenir est une pièce de Corneille, Cinna qui fut montée par les élèves du Lycée. Certainement la fin de la pièce, acte V – scène première – j’ai le souvenir d’un Cinna entrant sur scène avec une petite jupette plissée romaine du plus bel effet et de grosses jambes poilues qui déclencha l’hilarité générale. Lorsqu’Auguste lui dit le vers célèbre “Prends un siège, Cinna, prends” il s’assit à coté du strapontin et partit les quatre fers en l’air. Jamais on n’avait tant rigolé pour une tragédie !

Savez-vous que nous avons été les derniers spectateurs à fréquenter le théâtre de l’Ambigu à Paris. Nous avions un abonnement pour la saison et nous allions en car, de Corbeil à Paris, sur le boulevard Saint-Martin. Ce théâtre a été fermé et démoli en 1966 en dépit de nombreuses manifestations et d’un spectaculaire défilé de la profession tout entière. Le ministre de la culture de l’époque était André Malraux. Quel gâchis
 !
J’ai le souvenir d’un théâtre plein de dorures, de tentures cramoisies, d’éclat et de lumière. C’était un véritable petit bijou. Nous montions parfois au “pigeonnier” par un petit escalier de bois, tout au sommet, où nous avions une vue plongeante sur tous les spectateurs du parterre et même sur les coulisses. C’était vraiment magique. Je n’aurais pas été surpris de rencontrer M
lle Nana de M.. Zola dans ce décor très second empire avec une robe de satin et un décolleté vertigineux.
Et en plus nous avions droit à un répertoire de grande classe… Corneille, Molière, Racine, Hugo, Musset et même Sartre (Nekrassov) si mes souvenirs sont bons. Pour des “techniques” c’était grandiose. Ça nous changeait de l’odeur du lubrifiant à l’atelier et des leçons de technologie.
Ca fait partie des souvenirs inoubliables du LTE, avec bien sûr le sport  et… Annie la blonde
!
Dernière petite anecdote. En 4
ème nous avions été tellement captivés et impressionnés par l’étude du Cid, avec Mme Soleihac, que nous parlions “le Cid” couramment et nous glissions allègrement des vers dans la conversation courante. Pas toujours facile ! Et bien figurez-vous que je n’ai pas perdu cette habitude acquise au LTE Corbeil et aujourd’hui, 45 ans plus tard, quand j’ai un élève en difficulté je lui dis : “Parle sans t’émouvoir, tu es jeune il est vrai, mais aux âmes bien nées…” Par contre, si je me trompe, je le leur lance : “ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie…” Comme quoi, ce que l’on apprend jeune, reste toute la vie !

Jean-Pierre Arlettaz.



Au théâtre ce soir

Pour la pièce de théâtre (Cinna dont nous parle Jean-Pierre) j'étais à la régie-lumière. Sur la photo prise dans le préfabriqué, la petite cahute dans le fond de la salle était la régie (photo en haut à gauche de la page). Les projecteurs (trois au maximum) étaient réalisés avec des grosses boites de conserves en provenance directe de la cuisine.
La lumière n’était pas terrible sinon les gambettes poilues de Cinna seraient passées inaperçues.
Encore une poignée de souvenirs.


Michel Lucas.





canards

La vie d'interne

Un interne aguerri en vaut plus !
J'ai été interné un mois d'octobre 1957…
Sur les conseils éclairés d'un instituteur, au demeurant efficace (Monsieur RUET… certains s'en souviennent), je passai les concours des ENP Vierzon et Creil ! Après une analyse cartographique des lieux, mon père trouva que les correspondances SNCF seraient mieux adaptées en direction de Creil !
J'entrai donc dans cette caserne, un jour maussade (normal pour eux) et y commençait une croisade…
Effectivement, les moyens de communications permettaient de garder une sérénité inébranlable, départ de Creil à 18 heures le samedi, arrivée gare du Nord, métro, gare de Lyon, arrivée Moret, changement, micheline jusqu'à Nemours… arrivée 22 heures 30
!
Départ de Nemours le dimanche, c'est à dire le lendemain à…16 heures 30 !!!
Ah
! oui…ENP de Creil…Uniforme obligatoire, comme vous pouvez le voir ! Bel internat…Trois étages de dortoir, les "grouillaux" c'était nous, étions au 3ème… 300 dans le même dortoir, sans cloison particulière, je sais, ça calme… (A cette époque nous étions environ 1000 internes). Bizutage, hiérarchie respectée… que de bons moments !!!
En rang, taisez-vous
!
Un coup de trousseau de clés sur la tête … Mais M'ssieu Grosloup, c'est pas moi…
Là, je me dis, le pauvre va se faire tuer… il l'a appelé “Grosloup”.
Ben, non ! en fait c'était son nom, ça ne s'invente pas des choses pareilles et il était surgé, cela va sans dire
!
Ce n'est pas fini, un autre apparaît, je ne sais pas qui il est, un petit sourire forcé au coin des lèvres et “bing”…une tape sur la tête, il ne l'avait pas vu arriver.
Mon voisin, un ancien déjà, il devait avoir 14 ans et demi me dit :
“Fais gaffe à lui, il est vache et y fait mal, on l'appelle Jojo, son nom c'est Georges Guillemin… y paraît même qu'il était dans les paras”.
Pourquoi tu m'as mis là, papa, je n'ai rien fait de mal
!
J'y passerai quatre ans et heureusement Jojo était parti l'année d'avant…
Pour des raisons de résultats très aléatoires, on m'invita à aller voir ailleurs, ce que je fis.
Plus près de toi, mon dieu… (Je ne savais pas si bien dire).
Inscription à Corbeil, beaucoup plus près de chez moi, je suis en seconde… le pied
!
Il n'y a pas d'uniforme, les gars sont propres, je dis ça parce qu'à Creil on pouvait être collé durant tout un trimestre, oh ! quelques petites étourderies, ce qui fait qu'hormis les sous-vêtements qu'on nous obligeait à changer, le reste… bof
!
Une blouse grise, un jean sur le dos et sur le reste pendant trois mois… évidemment ça “s'empire”…
On continue donc, visite de l'internat… je n'en crois pas mes yeux, des cloisons individuelles, on est quarante ou cinquante maxi, peut-être moins… le bâtiment est neuf, c'est le luxe… et en plus, cerise sur le gâteau le lycée est mixte
!!! Non, c'est pas possible.
Maintenant, il faut aller au bureau pour votre inscription, suivez-moi.
“Ah ! PAHOUR… entre donc… Décidément on ne se quitte plus !”
Là, je dois rêver, je suis allongé, les yeux clos, une légère indigestion perturbe mon métabolisme, mais je vais aller mieux, il n'y a pas de raison… Non, je ne vais pas mieux, non je ne rêve pas, il est là, le même sourire en biais, prêt à m'agresser, c'est pas vrai… Guillemin ! Mais qu'est-ce qui fout là
? Je viens de reprendre perpette…
En vérité, non, il a vieilli un peu, l'environnement est très différent, la méthode militaire, c'est du passé.
Je m'y colle donc, cinq ans d'internat en plus.
Première année de BTS, nous sommes en 1965, la fin d'année est proche, je prends rendez-vous avec lui.
“Qu'est-ce que tu vas me demander ?”
En fait, je voudrais savoir si je peux être interne à la rentrée prochaine ?
Pourquoi cette question
? … je ne comprends pas tout.
Si, parce queeeeeeeee, voilà, en juillet prochain, là dans deux mois… je vais me marier
!
“(Silence)… Ah
! celle-là on ne me l'a pas encore faite… (Re-Silence)… Qu'est-ce que peut bien dire le règlement à ce sujet ? Je suis sûr que rien n'est prévu…”
“Ah ! c'est pas vrai… mais il faut, il faut
?”
Non ! mais je veux me marier.
“Alors on va dire que je n'en sais rien, tu te maries, tu ne m'as rien dit, mais je te préviens, ne viens pas me demander des autorisations de sorties tous les deux jours… Mais pourquoi veux-tu être interne
?”
Si je ne suis pas interne, ce ne sera même pas la peine que je me présente à l'examen…
“Aller, vas te marier et embrasse ta future pour moi
!”
L'année d'après, j'étais marié, j'étais interne, j'étais responsable de la section “ping-pong” ce qui fait que tous les jeudis je devais sortir dès 14 heures et rentrer sur les coups de 18 ou 19 heures… pour aller acheter des balles…
Hein
!… c'est pas beau comme stratagème, d'autant que régulièrement il me disait :
“Qu'est-ce que vous consommez comme balles
!”
Cette organisation nécessitait évidemment un moyen de locomotion… A savoir la Simca 5, dont certains se souviennent.
Oui, sans aucun doute, de très bons moments.

Et maintenant, je me repose… Imaginez, quatre petits enfants, trois garçons et une petite fille qui répond au doux prénom d'Eugénie… L'est pas belle la vie
!

Roger Camille Pahour.




Je me souviens de la belle aronde

Je me souviens quand j’étais interne au Lycée Technique de Corbeil, c’était dans les années 1962 à 1965. Je venais du Noooooooooooord et ne rentrais chez mes parents qu’à l’occasion des vacances.
Avec mon frère, interne comme moi, et nos copains “d’infortune”, Bébert de Vitré, Guillaume de Mazamet, et bien d’autres, le Foyer Social Educatif était notre fief. Nous participions aux différentes activités : ciné club, Feu Vert notre feuille de chou favorite, ping-pong, billard… Mais pour nos dimanches cela ne nous suffisait pas, alors nous avons décidé un jour d’acheter en commun une vieille Simca Aronde.
Ah la belle Aronde
 ! Nous en avons fait des sorties avec elle. Mais vu son grand âge (déjà à l’époque) elle nous en a donné du fil à retordre et nous n’avons pas tardé à connaître nos premières expériences en mécanique automobile. Crevaison lors d’une sortie et le cric qui n’en faisait qu’à sa tête en passant désespérément au travers du plancher déjà bien atteint par la rouille. Heureusement, l’équipe avait suffisamment de muscles pour tenir la voiture levée pendant qu’un privilégié (moi) effectuait le changement de roue.
Refaire l’embrayage était un classique, mais remplacer le pont arrière, qui nous avait lâché, par un autre trouvé à la casse était déjà moins commun. Et cela nous avait valu quelques remontrances le lundi matin, car, après avoir réalisé ces travaux un dimanche, sous l’auvent qui menait de l’internat à la loge du concierge, nous n’avions rien trouvé de mieux que de stocker l’ancien pont dans la descente du local du responsable de l’entretien. Evidemment, grâce à la pente, une flaque d’huile bien noire recouvrait le sol dès le lendemain matin.
Puis aux vacances nous retournions chez nos parents, souvent avec les copains et notre belle Aronde, pendant que d’autres œuvraient à Fontgillarde pour restaurer ce qui allait devenir une formidable maison de vacances.

Marc Dréville.




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